La ferme photovoltaïque Sunzil de Nakutakoin : électricité et compost
Installée en Nouvelle-Calédonie depuis 1991, la société Sunzil a déjà réalisé de nombreux projets photovoltaïques. Elle vient d’être lauréate pour la réalisation d’un projet innovant sur Nakutakoin. Le directeur de Sunzil, Emmanuel Vincent, lève le voile.
En effet, les projets photovoltaïques sont régulièrement mis en concurrence par le gouvernement dans le cadre de périodes d’appel à projets. Le gouvernement souhaite ainsi développer cette filière économique en obtenant les meilleurs coûts de production pour le système électrique calédonien de la part des producteurs autonomes privés candidats. Au terme de la 5e période d’instruction qui intégrait cette fois l’obligation d’inclure une composante innovation, une dizaine de projets ont été présentés et deux ont été retenus, l’un à Tontouta et l’autre à Nakutakoin.« Depuis le 18 février, explique Emmanuel Vincent, nous figurons parmi les deux lauréats et nous sommes à ce titre autorisés à lancer le projet. Nous avons donc démarré les études techniques et nous travaillons sur le montage et le financement de ce projet d’un coût de 335 millions de francs CFP. C’est un projet que l’on souhaiterait démarrer en octobre pour un lancement de production d’énergie fin mai-début juin 2021. »
Un projet doublement innovant
« Le projet est techniquement innovant par la pose de structures support équipées de trackers pour suivre le soleil et de modules photovoltaïques bifaciaux, ce qui sera une première dans une ferme photovoltaïque, explique le directeur de Sunzil. Ces capteurs bifaciaux collectent, comme les systèmes standard, l’énergie solaire en face avant et ils sont boostés par la lumière captée par la face arrière. Ils ont donc deux faces actives. » Pourtant, l’innovation mise en avant pour le gouvernement est ailleurs. En partenariat avec la Calédonienne de service public et le propriétaire du terrain qui souhaitait lui conserver un volet agricole, une unité de production de compost va être créée. « Nous avons déjà réalisé une ferme solaire sur l’ancien dépotoir de Ducos et, à cette occasion, nous avons beaucoup échangé avec la CSP, explique Emmanuel Vincent. On s’est rendu compte qu’ils traitaient 30 000 tonnes de déchets verts sur le Grand Nouméa par an, qui sont transportés et enfouis à Gadji. L’idée a donc été lancée de créer une activité concomitante à la production de photovoltaïque et de lancer une activité de production de compost, une vraie filière organisée, qui n’existait pas encore en Nouvelle-Calédonie.
L’agriculture en a besoin, comme les particuliers d’ailleurs. L’idée est donc de mutualiser le foncier et des emplois pour créer deux activités complémentaires et le photovoltaïque finance le lancement et le développement de la filière compost. Ce projet a été mené en concertation avec les directions provinciales qui nous ont confirmé le besoin de compost pour l’agriculture. Cela permet aussi d’utiliser les déchets verts, qui jusqu’à présent sont enfouis, ce qui représente un coût pour la CSP. On va donc transporter en vrac les déchets verts, et pour l’anecdote les camions qui transportent les déchets verts à Gadji passent devant le terrain de la ferme à Nakutakoin, ils seront broyés et mis en andains avant de se transformer de manière naturelle pour faire du terreau. On va traiter aux environs de 2 400 tonnes de déchets verts et produire 8 tonnes de terreau par an. Nous allons pouvoir ainsi limiter les importations de compost pour les particuliers et l’usage professionnel d’engrais. » La plateforme de compostage sera d’une superficie comprise entre 6 500 et 7 000 m2, « on est là dans l’innovation opérationnelle de la gestion de ces plateformes. Ce projet s’inscrit dans la création de richesses partagées pour le pays », souligne Emmanuel Vincent.
Sunzil, portrait d’une entreprise
« On conçoit, on vend, on installe, on maintient des systèmes photovoltaïques, que ce soit pour équiper des endroits isolés jusqu’au solaire raccordé au réseau, ce qui peut concerner les particuliers, les entreprises ou les collectivités, détaille Emmanuel Vincent. On intervient également dans le domaine de ce que l’on appelle les grandes centrales au sol, c’est-à-dire les fermes photovoltaïques. »
Le bureau d’études du groupe est installé à Lyon, mais c’est à La Réunion qu’est basé « le centre de conduite et de télésurveillance » des fermes gérées par Sunzil. Car si le groupe à travers le monde a installé plus d’un million de m2 de modules, il exploite un parc photovoltaïque de plus de 800 centrales, soit environ 700 000 m2 de panneaux solaires répartis dans l’ensemble des départements de l’outre-mer français, dont la Nouvelle-Calédonie.