Comment la maîtrise de l’énergie est devenue une priorité ?

 

Dans les années 1970, une préoccupation d’économie d’énergie se fait jour dans le monde. On la qualifie de « Maîtrise de la Demande en Énergie » (MDE), puis de « maîtrise de l’énergie ».

En effet, depuis leurs révolutions industrielles, à partir de la fin du XVIIIe siècle, les sociétés occidentales se sont engagées dans la poursuite d’un développement économique qui, explique le physicien Bernard Laponche, « se mesurait notamment par l’augmentation régulière et illimitée de la production et de la consommation de charbon, de pétrole, de gaz, d’électricité ». À la suite des chocs pétroliers des années 1970, explique encore Laponche « il y a eu prise de conscience que les ressources énergétiques fossiles ne sont pas illimitées, que leur consommation sans précaution entraînerait leur raréfaction et l’augmentation de leur coût, que la concentration des ressources les plus importantes dans certaines zones géographiques peut entraîner de graves crises économique et politique ».

Ainsi, la maîtrise de l’énergie se définit comme la somme de l’utilisation rationnelle de l’énergie et du développement des énergies renouvelables.

En 1981, la Nouvelle-Calédonie créée le Comité Territorial pour la Maîtrise de l’Énergie (CTME), traduisant sa volonté de s’engager dans la voie des économies d’énergie et du développement des énergies renouvelables.

Aujourd’hui, l’Agence Calédonienne de l’Énergie (ACE) est l’acteur central de la maîtrise de l’énergie sur l’ensemble du territoire. Cet établissement public administratif a été créé en janvier 2017, remplaçant ainsi le CTME. En somme, l’ACE œuvre pour la transition énergétique de la Nouvelle-Calédonie par le biais d’accompagnements techniques et financiers sur divers projets liés à la maîtrise de l’énergie.

Devant les enjeux économiques et politiques de la situation climatique actuelle, il est nécessaire de réfléchir à un nouveau système énergétique. Cette réflexion est également liée à la raréfaction des énergies fossiles.

À titre d’exemple, les besoins énergétiques du territoire sont couverts à 98 % par des importations de charbon et de produits pétroliers. Comme la Nouvelle-Calédonie ne possède pas de réserves de combustibles fossiles, cela la rend dépendante aux importations des pays de la zone Asie-Pacifique (Singapour, Corée du Sud, Australie, Nouvelle-Zélande…).

C’est donc dans l’optique de sensibiliser le public aux enjeux du développement durable et à l’épuisement des ressources énergétiques que l’association NégaWatt a vu le jour en 2001. Le scénario prévisionnel 2017-2050 créé par cette dernière repose sur trois piliers :

  • La sobriété énergétique
  • L’efficacité énergétique
  • Les énergies renouvelables
Piliers du scénario NegaWatt

La sobriété énergétique « consiste à interroger nos besoins puis agir à travers les comportements individuels et l’organisation collective sur nos différents usages de l’énergie, pour privilégier les plus utiles, restreindre les plus extravagants et supprimer les plus nuisibles » (source NégaWatt).

Elle se distingue de l’efficacité énergétique qui « consiste à agir, essentiellement par des choix techniques en remontant de l’utilisation jusqu’à la production, sur la quantité d’énergie nécessaire pour satisfaire un service énergétique donné » (source NégaWatt).

Pour adopter de nouveaux changements dans le système énergétique, le scénario s’appuie sur les secteurs de consommation les plus énergivores :

  • Le bâtiment
  • Le transport
  • L’industrie
  • L’agriculture

Le but est donc de prendre des mesures dans ces secteurs afin de faire évoluer le système énergétique. Ainsi, la démarche NégaWatt se concentre sur les objectifs suivants :

  • Diviser par deux la consommation d’énergie de l’utilisateur tout en maintenant les services énergétiques répondant aux besoins du consommateur
  • Une consommation énergétique issue d’énergies renouvelables à 100% d’ici 2050 en France métropolitaine
  • Ne plus produire d’électricité issue de la fission nucléaire d’ici 2035
  • Ne plus consommer d’énergie fossiles (pétroles, hydrocarbures, charbons) d’ici 2050
  • Transformer progressivement les pratiques agricoles et sylvicoles en encourageant une exploitation raisonnée et équilibrée
  • Encourager la complémentarité des réseaux de gaz et d’électricité en développant les systèmes technologiques convertissant l’électricité en gaz (power-to-gas)
  • Atteindre la neutralité carbone en France métropolitaine d’ici 2050.

Secteurs et résultats dans lesquels s’inscrit le scénario NégaWatt

Ces aspirations s’inscrivent également dans une politique de développement durable. En effet, le scénario est axé sur un développement en faveur de l’économie, la création d’emplois, la santé et l’environnement.

Pour en savoir plus sur cette démarche et ce scénario, nous vous invitons à vous rendre sur le site officiel de l’association : www.negawatt.org. Ressources pédagogiques, médias et synthèses de leurs projets y sont présents.

La Nouvelle-Calédonie s’est engagée dans la réalisation de son Schéma pour la Transition Énergétique qui définit la stratégie énergétique à l’horizon 2030.

Inspiré de la démarche NégaWatt et adapté au contexte local, le Schéma pour la Transition Énergétique de la Nouvelle-Calédonie (STENC) a été adopté par le congrès le 23 juin 2016.

Schéma de pour la transition énergétique de la Nouvelle-Calédonie

Ce schéma dresse les objectifs de réduction de nos consommations d’énergie et de nos émissions de gaz à effet de serre, ainsi que de développement des énergies renouvelables. Pour atteindre les objectifs fixés, un programme d’actions est détaillé dans les domaines du transport et de la mobilité, du résidentiel et tertiaire, de l’industrie, de l’agriculture et des énergies renouvelables et de la sensibilisation du public. Les moyens d’action envisagés sont la mise en place de mécanismes financiers incitatifs, la mise en place et la révision de réglementations et la participation des acteurs à des actions volontaires.