Éco-mobilité

Vers une mobilité calédonienne durable

ÉCOMOBILITÉ

Qu'est-ce que l'écomobilité ?

Ce qui était autrefois un concept est devenu une réalité. La crise de l’énergie, mais plus encore les questions liées au réchauffement climatique, ont conduit à s’interroger sur nos modes de transport. Les dépenses liées au pétrole comme à l’électricité, et leurs effets polluants de rejet de gaz à effet de serre, ont montré au monde qu’il fallait changer notre façon de nous déplacer. Mais au-delà, l’écomobilité conduit aussi à modifier les politiques d’aménagement, la gestion des territoires et l’urbanisme. Aujourd’hui, de nombreuses villes à travers le monde, dont certaines des plus grandes comme Paris, envisagent l’avenir proche comme débarrassé des voitures polluantes, voire de limiter la circulation des véhicules individuels. La réflexion est large et conduit à la mise en place de plans de déplacement urbain, de l’accroissement du parc de véhicules propres, mais aussi et surtout à la sensibilisation et l’éducation de la population à l’écomobilité !

 

1.L’écomobilité : comment ?

De manière générale, l’écomobilité prend en compte tous les modes de transport qui ne sont pas motorisés. Cela va tout aussi bien de la marche à pied au gyropode, que du vélo à la planche à roulettes ou à la trottinette. Mais concrètement, l’écomobilité, appelée également mobilité durable, consiste à mettre en œuvre des systèmes permettant de changer la philosophie du transport, c’est ainsi que le covoiturage fait partie du panel de propositions d’écomobilité. 

2.L’écomobilité : un challenge calédonien

Pas vraiment facile d’inculquer une nouvelle notion de déplacement à une population pour laquelle la voiture signifie tant de choses et recèle une véritable importance. La prise en compte de la mobilité durable dans l’esprit calédonien va constituer un challenge que l’on devra relever tout au long des prochaines années. On en est encore aux balbutiements au travers d’une promotion timide du covoiturage, de la création de certains événements comme les « dimanches en mode doux », la création de pistes cyclables, la mise en place de dispositifs incitatifs à l’achat de véhicules propres ou de vélos électriques et la création de nouveaux types de transports en commun. À ce titre, le Néobus, ou transport en site propre, participe à cette sensibilisation en ce qu’il attire l’attention des Calédoniens sur la nécessité de repenser le transport urbain. Mais il faudra du temps et de la persuasion pour convaincre chacun du bénéfice de revoir nos modes de consommation du transport. Néobus figure aujourd’hui comme la solution entre les villes de Dumbéa et Nouméa. Concernant les villes de Païta et Mont-Dore, le tracé Taneo Bus s’avère être efficace. Ces deux réseaux sont aujourd’hui la solution uniquement dans le Grand Nouméa. Il faut donc espérer que d’autres communes prennent exemple en adoptant un plan de mobilité aussi poussé, comme à Voh-Koumac-Poya.

3.Transport : devenir des conducteurs écoresponsables

La question de la mobilité et des transports est un des éléments majeurs du Schéma pour la transition énergétique (STENC). En Nouvelle-Calédonie en effet, les transports routiers, maritimes et aériens sont responsables de plus de 15 % des émissions de gaz à effet de serre. C’est, après la mine et la métallurgie, le secteur le plus « polluant » ! On peut donc agir de manière efficace à tous les niveaux en commençant par les consommateurs, à savoir les conducteurs. L’une des solutions passe par l’amélioration du parc automobile calédonien en privilégiant le recours à des véhicules propres, sobres et moins polluants. Dans ce cadre, on peut parler d’écoconduite qui se traduit par une conduite responsable, en limitant sa vitesse, en privilégiant les modes doux pour les courts déplacements et le covoiturage pour les plus longs. Il faut repenser l’usage de la voiture, en privilégiant les petits modèles et donc ajuster la voiture à ses usages. 

Le tout réclame une vraie sensibilisation à cet impératif des Calédoniens, dont on connaît l’attrait pour la voiture. En 2014, une publication issue d’un partenariat entre le Syndicat intercommunal du Grand Nouméa (SIGN) et l’Institut de la statistique et des études économiques (ISEE) soulignait que par choix ou par nécessité, les Calédoniens utilisent énormément leur automobile. « Un automobiliste du Grand Nouméa, précisait cette étude, passe 74 minutes par jour dans son véhicule et huit trajets sur dix dans l’agglomération se font en voiture. Plus on s’éloigne du centre de l’agglomération, plus les ménages sont motorisés. Ainsi, les Mont-Doriens empruntent leur automobile dans près de neuf de leurs déplacements sur dix. Dans le Grand Nouméa, 86 % des ménages ont au moins une automobile et 45 % en ont au moins deux. »

Dans ce contexte, un objectif est fixé puisque le STENC mise sur une baisse de 15 % des émissions de gaz à effet de serre des transports à l’horizon 2030. Signalons que, selon Scalair, la réduction des activités personnelles et professionnelles et donc des transports, due au confinement lié à la crise du coronavirus, ont conduit à ce que les concentrations en dioxyde d’azote, gaz polluant et nocif pour l’environnement et la santé, issues du trafic routier (déplacements professionnels et personnels), ont chuté de près de 75 % à Nouméa.

4.Tous à vélo ?

Partout dans le monde, les grandes villes cherchent à limiter l’usage de la voiture et le recours à des transports propres, en premier lieu desquels le vélo. On a vu ainsi ces dernières années fleurir des systèmes d’usage en commun de vélo, le système Vélib. La crise récente du Covid-19 a par ailleurs montré que le vélo évite les risques de contamination que l’on peut rencontrer dans les transports en commun, bus, train ou métro, outre qu’il permet de désengorger les rues et de fluidifier la circulation. En Nouvelle-Calédonie, en particulier dans l’agglomération, l’usage du vélo comme moyen de transport du quotidien est loin d’être passé dans les mœurs. C’est pourquoi, dans le cadre de son objectif de réduction des émissions de gaz à effet de serre, le STENC préconise comme moyen d’action de développer l’usage du vélo à assistance électrique en zone urbaine. À ce titre, un dispositif d’aide à l’achat a été adopté par le Congrès, mais son utilisation par les consommateurs reste encore fort réduite. Le frein principal est le manque d’infrastructures sécurisées (pistes cyclables séparées du flux de voitures et bien pensées).

5.Le vélo à Nouméa : des progrès à faire

La Fédération française des usagers de la bicyclette vient de publier le « baromètre des villes cyclables », un sondage réalisé auprès de 768 villes. De manière générale, la très grande majorité des villes de métropole et d’outre-mer ont des efforts à faire et c’est particulièrement sensible à Nouméa, puisque sur un barème de A, note la plus forte, à G, la moins bonne note, Nouméa n’obtient qu’un F ! Les Nouméens qui ont pris part à ce sondage soulignent que si la situation s’est améliorée, ainsi au travers des « dimanches en mode doux », le sentiment d’insécurité en circulant à pied est très fort, de même que les conditions pour l’usage du vélo sont jugées globalement insatisfaisantes.